Autofinancer ses investissements n’est pas toujours une bonne idée. Mieux vaut en effet, éviter de trop prélever dans la trésorerie disponible. Dans quels cas faut-il privilégier le recours à l’emprunt ? Dans quels cas l’autofinancement sera plus approprié ? Nos experts-comptables font le point, y compris lorsqu’en création, l’autofinancement est le seul moyen de mener son projet à bien.
Comment arbitrer entre emprunt bancaire ou autofinancement ?
L’autofinancement a ceci d’intéressant qu’il permet d’éviter les coûts inhérents à l’emprunt (intérêts). A courts termes, quand la trésorerie le permet, il est en effet tentant d’éviter la préparation de fastidieux dossiers de financement et le porte à porte, non moins fastidieux, auprès des banques…
Mais s’il on y regarde de plus près et à longs termes, l’autofinancement peut fragiliser la trésorerie de l’entreprise qui pourra moins facilement faire face à un imprévu. Il faut donc, pour chaque investissement s’interroger sur le meilleur moyen de le financer.
Typiquement, on conseillera de recourir à l’emprunt bancaire pour financer tout ce qui se justifie facilement auprès d’un banquier :
- achat de nouveaux équipements pour gagner en productivité ou pour mettre fin à un besoin récurrent de sous-traitance,
- investissements dans des locaux plus grands, etc.
Pour des besoins ponctuels mais non récurrents (exemple, une formation pour la mise à jour d’un nouveau logiciel), il sera préférable de ponctionner dans les fonds propres, d’autant plus que les montants ne sont pas trop importants.
Ce sera également le cas si vous avez un projet de développement un peu risqué que vous pouvez difficilement défendre auprès de financeurs.
Dans les deux cas toutefois, autofinancement ou prêt bancaire, il faudra bien mesurer la capacité d’autofinancement de l’entreprise. En cas d’emprunt en effet, vos financeurs s’appuieront en partie sur cette fameuse capacité d’autofinancement pour mesurer le risque associé au prêt.
Comment calculer la capacité d’autofinancement de votre entreprise ?
La capacité d’autofinancement (CAF) correspond logiquement aux ressources internes de l’entreprise. Elle est calculée à partir des éléments du compte de résultat, soit :
CAF = produits encaissables – charges décaissables
Le calcul de la CAF peut donc être réalisé de 2 manières :
- À partir du résultat où l’on retraite tous les éléments non décaissables (dotations aux amortissements et provisions, valeur nette comptable des éléments d’actifs cédés…) et non encaissables (reprise de provisions, produit de cession d’éléments d’actifs …).
- À partir de l’EBE où l’on rajoute les produits encaissables et décaissables.
Une banque déduira de la CAF un ratio de remboursement (Dettes /CAF), soit la capacité d’une entreprise à rembourses ses dettes.
Prenons un exemple :
Vous décidez d’emprunter 100 K€ pour financer du matériel.
Votre CAF atteint 70 K€. Votre capacité de remboursement est alors de :
100/70 = 1,42
Votre entreprise enregistre un endettement faible et une « aisance » à rembourser rapidement ses dettes financières.
Si par contre votre CAF atteint 20 K€ alors votre capacité de remboursement est de :
100/20 = 5
Cet indicateur est moins rassurant et indique le temps nécessaire à l’entreprise pour rembourser ses dettes.
Idéalement, le ratio obtenu ne doit pas dépasser 2, 3.
En création, calculer cette capacité d’autofinancement permettra aussi d’évaluer les ressources dont aura besoin l’entreprise pour équilibrer son plan de financements. Il peut être bon également de montrer la progression de votre capacité d’autofinancement. Une CAF en croissance constitue en effet un élément de rassurance pour votre banquier…
Le conseil de nos experts comptables pour déterminer la part d’autofinancement ou d’emprunt à privilégier
Cet arbitrage s’effectue au cas par cas, car il faudra prendre en compte l’ensemble de la situation de l’entreprise. Et que vous ayez, ou non, recours aux financements externes, il faudra bien mesurer votre capacité d’autofinancement, puisqu’un minimum d’apport de l’entreprise sera systématiquement imposé par les banques.
Attention à ne pas confondre CAF et « cash flow » ! Ce dernier correspond à l’ensemble des flux de trésorerie entrants ou sortants de votre compte bancaire. Au contraire, la CAF ne tient pas compte des encaissements ou décaissements réellement réalisés sur la période. Une bonne capacité d’autofinancement ne signifie donc pas que la trésorerie est au beau fixe….
Pour faciliter la préparation de vos demandes de financements, sollicitez votre expert-comptable qui pourra valider vos hypothèses chiffrées et vous aider à y voir plus clair.