Que vous profitiez d’une opportunité soudaine ou bien qu’il s’agisse d’un projet de longue date, devenir graphiste freelance vous impose d’analyser bon nombre de questions tout à fait techniques mais guère passionnantes. Votre statut juridique de graphiste freelance, vos obligations comptables et fiscales, vos tarifs… il y a de quoi faire ! Point d’étape et conseils d’expert-comptable pour vous aider à démarrer au mieux votre carrière de graphiste freelance !
Devenir graphiste en freelance, quelles obligations comptables et fiscales ?
Structure juridique
A vos débuts, il peut être préférable de commencer votre activité avec le statut de micro-entrepreneur, un statut facilement accessible puisqu’il suffit d’une simple déclaration en ligne pour en bénéficier.
Au-delà de la simplification des démarches administratives, vous bénéficiez d’une exonération de CFE pour votre première année d’activité.
Vous pouvez aussi opter pour des statuts tels que :
- l’EIRL (cumulable avec le statut de micro-entrepreneur) et qui permet notamment de protéger votre patrimoine,
- l’EURL, un statut adapté si vous avez des perspectives de croissance.
Vous pouvez également choisir d’exercer votre activité sous le statut d’artiste-auteur, un statut très fréquent ou encore en libéral.
Avec le statut artiste-auteur, vous bénéficiez :
- de cotisations sociales limitées (calculées sur la base du bénéfice imposable),
- d’une protection sociale équivalente à celle d’un salarié avec un taux de cotisation inférieur à celui d’un micro-entrepreneur.
Attention, si les affiliés au statut d’artiste-auteur sont pour la plupart exonérés de la CET, les graphistes ne rentrent pas dans ce champ d’application permettant l’exonération.
Le statut libéral (cumul possible avec le statut de la micro-entreprise) est avantageux si vous intervenez essentiellement en qualité de conseil.
Exercer en micro-entreprise, en libéral ou sous un autre statut, choisir n’est pas simple surtout quand cela dépend principalement de votre activité de graphiste en freelance. Vos revenus, vos prestations, vos besoins… sont autant d’éléments qui impacteront vos décisions. Pour bien choisir, faites appel à un expert-comptable qui saura trancher selon votre activité.
Régime fiscal
Impôt sur le revenu (IR) ou impôt sur les sociétés (IS), votre structure juridique impacte forcément votre fiscalité.
Mais selon votre structure juridique, vous pouvez choisir votre mode d’imposition et il est d’ailleurs essentiel de s’attarder sur ce point pour optimiser votre fiscalité. En EIRL, il est par exemple judicieux d’opter pour l’IS si vous prévoyez de faire des bénéfices importants.
Parlez-en à votre comptable, pour savoir quel régime fiscal est le plus adapté.
Régime de sécurité sociale
Quand vous choisissez votre statut juridique de graphiste freelance, vous choisissez aussi votre protection sociale. En EIRL ou gérant associé unique en EURL, vous ne dépendrez pas du même régime de sécurité sociale. Renseignez-vous bien sur vos deux possibilités (régime général de la sécurité sociale VS régime de sécurité sociale des indépendants).
Si vous dépendez du statut des artistes-auteurs alors vous devez vous rattacher à la Sécurité Sociale des artistes-auteurs qui regroupe la Maison des Artistes et Agessa.
TVA
Vous pouvez bénéficier de la franchise en base de TVA si votre chiffre d’affaires annuel ne dépasse pas 34 400 € HT. Au-delà, vous devrez collecter et déclarer votre TVA.
A noter : la franchise en base de TVA peut rester applicable l’année au cours de laquelle a lieu le dépassement et au cours de l’année suivante si :
- le chiffre d’affaires ne dépasse pas le seuil majoré de 36 500 €,
- le chiffre d’affaires de l’année précédente ne dépasse pas le seuil en vigueur de base de la franchise de TVA.
Portage salarial
Vous voulez développer votre activité en indépendant ? Si les contraintes administratives vous freinent, vous pouvez vous orienter vers le portage salarial. L’entreprise de portage vous embauche et se charge de toute la partie administrative de votre activité. C’est confortable, mais cela a un coût, comptez en moyenne entre 7 et 11 % de ce que vous gagnez.
Graphiste freelance : quelles étapes clés pour bien se lancer ?
Il ne suffit pas d’exécuter des démarches administratives et comptables pour se lancer à votre compte. Cela impose également de bien réfléchir sur votre projet et tout ce dont vous avez besoin pour le concrétiser. Quelles dépenses prévoir ? Comment bien définir vos tarifs ? Faisons le point pour être bien préparé au démarrage de votre activité de graphiste freelance.
Les dépenses à anticiper à la création
Ne sous-estimez pas les dépenses à prévoir à vos débuts. En effet, créer votre activité suppose un minimum d’investissements à la création (ordinateur, tablette graphique, imprimante) auxquelles viendront s’ajouter des dépenses périodiques notamment les abonnements aux logiciels de PAO, DAO ou autres pour mener à bien toutes vos missions créatives que vous confieront vos clients.
En ce qui concerne la conservation de vos données, vous devrez également penser à une solution fiable qu’elle soit gratuite ou payante.
Pensez aussi à vous protéger des risques en souscrivant une assurance responsabilité civile professionnelle.
Les aides au démarrage
On n’y pense pas toujours mais avant de se lancer, il peut être judicieux de faire le point sur ce dont vous avez le droit pour vous donner un petit coup de pouce financier et ainsi faire vos premiers pas vers l’entrepreneuriat. Par exemple, l’ACRE (aide aux créateurs et repreneurs d’entreprise) est une aide qui consiste en une exonération partielle de charges sociales.
Si vous êtes demandeur d’emploi au moment de devenir graphiste freelance, vous pouvez toucher votre allocation mensuelle sous la forme de capital de départ ou bien maintenir cette allocation pour soutenir vos premiers mois d’activité.
Votre proposition de valeur
Parce que vous n’êtes pas le seul à vouloir vendre vos services, il faut savoir comment vous démarquer de vos concurrents. Vous pouvez vous focaliser sur un profil client ou vous spécialiser sur certains secteurs (tout du moins communiquer ainsi), vous valoriser en vous adaptant aux nouvelles tendances, améliorer votre visibilité et mettre en avant vos points forts.
La fixation de vos tarifs
Estimer ses tarifs (ou TJM) au lancement d’une activité n’est pas toujours évident. Les tarifs de graphiste freelance vont d’ailleurs dépendre de bon nombre d’éléments : votre expérience, vos charges, vos heures de travail…
N’oubliez pas qu’une partie de votre travail ne se facture pas (comptabilité, prospection ou communication) et pourtant il vous faut bien les prendre en compte.
Vos tarifs doivent aussi pouvoir combler vos éventuels trous de trésorerie, ce qui est d’ailleurs le cas si vous souhaitez prendre des congés.
A noter : en tant que graphiste, vos productions sont soumises aux droits d’auteurs. Vous pouvez les inclure dans vos tarifs et si c’est le cas, stipulez les modalités de la cession de droit dans vos devis et factures.
Le développement de votre réseau
Pour développer votre réseau, tout un panel de possibilités s’offre à vous… portfolio, événements liés à votre domaine d’activité, réseaux sociaux, plateforme dédiée aux travailleurs indépendants.
Trouvez vos missions sur des plateformes dédiées. Des plateformes telles que Malt, Fiverr ou graphiste.com permettent de vous mettre en relation avec des professionnels, autrement dit de potentiels futurs clients.
Soignez vos réseaux sociaux (LinkedIn, Instagram, Dribbble). En tant que créatif, mettez en avant vos créations pour partager vos compétences. Dans la même lignée, votre portfolio reflète votre créativité et doit être mis à jour régulièrement.
Et ne restez pas seul…
Pour élargir votre cercle professionnel, montrez-vous à des événements ou conférences pour rencontrer des professionnels du design et échanger sur de vastes sujets propres à votre domaine d’activité.
Le conseil de l’expert-comptable des freelances : adoptez tout de suite la posture du graphiste freelance
La posture de « chef d’entreprise » n’est pas forcément celle dans laquelle se projettent les graphistes ou webdesigners lorsqu’ils se lancent. Pour la plupart, c’est l’indépendance qui vous motive plutôt que la notion de « gestionnaire de business ». Pour autant, c’est le revers de la médaille qui s’impose à tous les free. Prenez l’habitude de :
- facturer rapidement pour être payé en temps et en heure (avec relances à la clé),
- calibrer précisément vos tarifs en freelance pour bien gagner votre vie,
- vous fixer un temps de prospection hebdomadaire (que ce soit via un blog, une association de freelances qui vous permet de travailler en team et de vous recommander des missions réciproquement…),
- gérer vos missions avec plus de professionnalisme que d’affect (le fameux forfait de retours/corrections au-delà duquel toute nouvelle demande client sera dûment facturée) pour ne pas retrouver vis-à-vis de vos clients une situation de dépendance assez inconfortable…