Crowdfunding, crowdlending, financement ou crédit participatif ? Les plateformes se multiplient et on en parle beaucoup. Mais quels sont les financements possibles ? Est-ce que cela paie vraiment pour les TPE ? Depuis octobre 2014, la réglementation bancaire autorise les particuliers à prêter de l’argent aux entreprises. Guide d’étape pour comprendre quels financements obtenir des particuliers et comment.
Le prêt d’argent par des particuliers à des entreprises (crowdlending) : rappel du cadre réglementaire
Jusqu’à octobre 2014* les particuliers n’avaient pas le droit de prêter de l’argent à une entreprise et de toucher des intérêts. L’adoption du décret du 16 septembre a mis fin au monopole bancaire et permet aux particuliers de financer des projets via le « crédit participatif », c’est la naissance du crowdlending.
Pour emprunter de l’argent, un porteur de projet, une TPE présente son projet sur des plateformes Internet dédiées au crowdlending comme : Unilend, Finsquare ou encore Bulb in town.
> Crowdlending, crowdfunding, quelles différences ?
Le crowdfunding, c’est le financement par la foule, au sens large. Des particuliers financent des projets sous différentes formes :
- Le don, avec ou sans contreparties (cadeaux, articles vendus en pré-vente, goodies, etc.).
- La prise de participation au capital : le particulier financeur touche des dividendes ou une plus-value la cession des titres. On parle le plus souvent d’ »equity-crowdfunding« , « crowdinvesting » ou encore « crowdequity«
- Le prêt ou crowdlending. Une forme particulière de crowdfunding qui permet aux particuliers d’obtenir une rémunération sous la forme d’intérêts en prêtant aux entreprises ou associations.
A chaque mode de financement ses plateformes de mise en relation. Certaines sont spécialisées par thème : projets de développement durable, artistiques, à vocation sociale ou régionaux. Quelques exemples :
- Finsquare, prêts de particuliers à destination des TPE-PME, artisans et commerçants.
- Ullule, plateforme de dons avec contreparties en faveur de projets artistiques et culturels.
- SmartAngels, plateforme de crowdequity permettant aux investisseurs particuliers d’entrer au capital de startups et PME en croissance.
> Crowdlending, les limites financières :
Dans tous les cas, les particuliers ne peuvent pas prêter plus de 1 000 € à une entreprise. Mais plusieurs particuliers peuvent tout à fait s’associer pour prêter plusieurs dizaine ou centaines de milliers d’euros à une seule entreprise.
Côté entreprise avec le crowdlending, l’emprunteur ne peut pas emprunter plus d’un million d’euros auprès de particuliers, ça laisse une certaine marge de manœuvre.
Crowdlending à quel taux et combien ça coûte ?
Le taux d’intérêt versé aux particuliers par les entreprises varie en théorie entre 1 % et 10 %. La moyenne constatée oscille entre 6 et 9 %. C’est donc plus rémunérateur qu’un placement classique, mais le niveau de la rémunération intègre une prime de risque.
Généralement, ce sont les particuliers qui proposent un taux d’intérêt, pour chaque financement. L’entreprise est libre d’accepter ou de refuser.
Lorsque le total des fonds proposé par les particuliers dépasse le montant de l’emprunt demandé par l’entreprise, celle-ci sélectionnera les prêteurs ayant proposé le taux d’intérêt le plus faible.
Plus les particuliers seront nombreux à prêter à une entreprise, plus le taux d’intérêt de son emprunt sera faible.
Pour baisser le coût du crowfunding, une entreprise ou un porteur de projet aura intérêt à présenter le maximum de garantie et/ou d’informations rassurantes :
- Qualité de la présentation du projet à financer et de la société qui emprunte
- Background du dirigeant
- Chiffre d’affaires déjà réalisé et rentabilité éventuelle de la société
- Attestation d’un expert comptable sur les états financiers prévisionnels etc.
La plateforme de crowlending, quand à elle, facture à l’entreprise emprunteuse, en général entre 3 et 5 % des fonds empruntés.
Crowdlending, crowdfunding les TPE peuvent-elles en bénéficier ?
Tout à fait et on peut le dire, le crowdlending ou crowdfunding bénéficient d’abord aux créations de projet et petites structures. Puisque l’état d’esprit sous-jacent c’est bien une forme de solidarité entre citoyens, alternative au financement bancaire traditionnel.
Le crowdfunding a d’abord été initié pour soutenir des projets à vocation sociale, des associations, des projets culturels et artistiques.
Est-ce que cela signifie pour autant que tous les projets n’ayant pas de vocation sociale ne seront pas financés ? Non, mais c’est l’une des difficultés de la démarche, il faut savoir convaincre en mettant l’accent sur ce qui vous différencie et peut interpeller les particuliers prêteurs. Finalement, comme vous le feriez si vous alliez voir votre banquier, à ceci près, qu’un peu de supplément d’âme ne peut pas faire de mal…
Le conseil de nos experts comptables, si vous souhaitez obtenir un prêt auprès des particuliers
Le prêt proposé par les particuliers ou crowdlending, peut sembler une manne providentielle quand les banques n’ont pas voulu suivre vos idées. Ne sous-estimez pas toutefois le temps nécessaire pour obtenir des financements des particuliers.
Ce type d’opération repose en grande partie sur le bouche à oreille. Et l’instaurer demande une bonne dose d’énergie et de préparation : présentation de l’entreprise sur la plateforme, relais sur les réseaux sociaux, rédaction des communications auprès des premiers participants, etc.
Jimini’s : 2 jeunes associés lèvent plus de 10 000 € en un mois |
Il faut « communiquer de manière directe et « humaine », c’est l’une des principales clés, précise Bastien Rabastens, cofondateur de Jimini’s. Par exemple, il faut indiquer au fur et à mesure que la campagne de crowdfunding avance le montant de contributions atteint aux participants. Et si tout se passe bien, le bouche-à-oreille fait le reste. » Cas pratique : opération de crowdfunding pour Jimini’s. |
Chiffres clés : le crowdfunding, une tendance de fond plus qu’un effet de mode |
. 66,4 millions d’euros collectés via les plateformes de crowdfunding au 1er semestre 2014, soit deux fois plus qu’en 2013 sur la même période. . 47 % des français se disent disposés à prêter ou investir de l’argent sur une plateforme de prêts rémunérés. . 53 % seraient prêt à soutenir : « une entreprise de proximité /ma région /ma ville ».** |
* Décret n° 2014-1053 relatif au financement participatif.
** Baromètre Financement Participatif France – Sondage iThink 2015 : « Les Français, leurs entrepreneurs et le crowdfunding. »